La bataille se fera en cinq critères qui permettent de décortiquer les films. Et fort logiquement, celui qui en remporte le plus sera donc le film à aller voir en priorité cette semaine.
Félicitations aux gens du marketing : l’affiche respective des deux films annonce parfaitement la couleur. D’un côté, on une grosse production US qui adapte un jeu vidéo sorti en borne d’arcade en 1986 où trois animaux (un gorille, un loup-garou et un lézard façon Godzilla) avaient pour but de détruire des immeubles tout en luttant contre des véhicules de l’armée. De l’autre, trois quadras en pleine crise existentielle et pas heureuses dans leur vie affective partent en vacances et découvrent qu’elles peuvent plaire aux jeunes du coin.
On n’est donc pas pris en traitre sur les hauteurs philosophiques et existentielles des œuvres. Mais force est de reconnaître qu’une des deux livre à peu près ce que l’on est en droit d’espérer. Et c’est Rampage. Non sans avoir tâtonné pendant une bonne moitié du métrage à tenter de nous pondre une histoire avec des humains (il faut bien justifier la présence de The Rock). Mais une fois que les bestioles se retrouvent au cœur de Chicago, le produit répond largement aux attentes offrant une dernière demi-heure où les amateurs de destructions massives et grosses bébêtes qui font du bruit seront aux anges.
Du côté des MILF, l’histoire ne décolle jamais et on a très vite l’impression d’assister à un film de vacances d’Axelle Laffont. Complètement plat, les séquences se suivent et se ressemblent toutes, avec des enjeux d’une platitude totale, au point de faire passer Un moment d’égarement de Jean-François Richet, sur un sujet presque similairement inversé, pour un grand moment de cinéma.
VAINQUEUR : Rampage – hors de contrôle
Au fil des années, la liste des acteurs-actrices qui passent à la réalisation et parviennent à imposer un talent de cinéaste immédiat a fini par être conséquent. Axelle Laffont ne viendra pas compléter cette liste. Il faudra attendre son prochain film, mais le chemin paraît insurmontable tant MILF est d’une indigence visuelle et narrative totale. Aucun rythme, aucune idée de mise en scène un tant soit peu excitante (la pathétique séquence de course à cheval sur la plage), une photo sans aucun charme…On ne peut même pas dire que cela ressemble à un téléfilm tant le genre propose depuis bien longtemps des produits bien plus attrayants que ça.
Du côté de Rampage, on n’a certes pas un cinéaste d’exception derrière la caméra mais Brad Payton a déjà démontré par deux fois avec Voyage au centre de la terre 2 et San Andreas (tous deux déjà avec Dwayne Johnson) qu’il est un excellent technicien capable de livrer un spectacle visuellement plaisant. Ici, il se surpasse même en proposant des séquences d’action vraiment emballantes avec un mix réussi entre plans iconiques et lisibilité quasi parfaite. Entre une attaque de loup-garou particulièrement féroce et efficace (bien meilleure que tout ce que l’on a pu voir dans Jurassic World par exemple) et des affrontements dantesques entre monstres dans les rues de Chicago, il y a de quoi se réjouir. D’autant que les effets spéciaux sont constamment à la hauteur de l’événement.
VAINQUEUR : Rampage – hors de contrôle
On a de la peine pour Marie Josée Croze, comédienne que l’on adore, mais on est obligé de reconnaître que George, le gorille, est plus émouvant et attachant que nos trois MILF. Heureusement du côté des humains, la bataille est plus équitable tant Dwayne Johnson est en mode robotique, répétant inlassablement la même recette de cool attitude. Ses partenaires à l’écran n’ont guère l’occasion de briller tant les rôles sont tous de solides caricatures (mention spéciale à Malin Akerman, méchante capitaliste qui ne connaît aucun remord). On n’est pas dans le même registre du côté de MILF, mais entre Axelle Laffont qui minaude, Marie-Josée Croze qui pleurniche et Virginie Ledoyen qui a l’air d’être absente, on assiste à un festival bien tristounet.
VAINQUEUR : Rampage – hors de contrôle
Moins vulgaire et bête qu’un paquet d’autres comédies françaises, MILF n’en est pas moins un film d’une platitude absolue. Enfonçant les portes ouvertes, répétant inlassablement le même discours (il n’y a pas d’âge pour être amoureux et la différence d’âge ne doit pas être un obstacle), le film a surtout l’énorme souci de ne pas chercher à être drôle. Et comme il est plus que bancal en termes d’émotions et d’évolutions des personnages à l’image d’une séquence finale bien paresseuse, on se retrouve face à un récit où, au mieux, on s’ennuie poliment mais fermement. Le gros avantage de Rampage, c’est sa montée en puissance. En oubliant un énorme ventre mou, et en se rappelant et acceptant que l’on est en train de regarder des animaux mutants détruisant des buildings avec The Rock au milieu, il y a largement de quoi se réjouir d’un tel spectacle bourrin décérébré.
VAINQUEUR : Rampage – hors de contrôle
Réaliser, c’est un métier qui ne s’improvise pas ou qui ne se justifie pas simplement parce que l’on a une histoire et des thèmes à évoquer. On ne doute aucunement de la sincérité et même de l’importance du message véhiculé par MILF mais en l’état le film ne fait que renforcer l’idée que l’on produit bien trop de comédies dans ce pays. Le constat pourrait presque être le même avec Rampage qui rentre dans la catégorie des grosses prod US techniquement abouties mais totalement dispensables. Sauf qu’à l’heure actuelle, le film de Brad Peyton peut s’enorgueillir d’être la meilleure adaptation d’un jeu vidéo au cinéma !
VAINQUEUR : Rampage – hors de contrôle
Publié le 02/05/2018 par Laurent Pécha