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9 films à voir ou revoir

Le filmo-guide de George A. Romero

Pour appréhender l'oeuvre du cinéaste, on a décortiqué sa filmographie en trois catégories. Celle destinée à ceux qui ne connaissent pas sa carrière. Celle qui permet de prolonger ses connaissances en mettant l’accent sur des films essentiels mais moins renommés. Et enfin, celle qui permet d’être exhaustif en faisant la lumière sur des longs-métrages (plus) méconnus.

Le 16 juillet 2017, un géant du cinéma nous quittait. A l’âge de 77 ans, George A. Romero rejoignait ses morts-vivants qui l’ont rendu célèbre. Si le cinéaste a une longue carrière ponctuée de 16 films, il doit sa renommée mondiale et éternelle à ses chers zombies. Non pas qu’il les ait inventés (Tourneur, par exemple, était déjà passé par là avec Vaudou en 1943) mais il a incontestablement créé un univers codifié qui n’aura de cesse d’influencer des générations d’artistes après lui.

 Il y a de toute évidence un avant et un après Nuit des morts-vivants dans notre perception du cinéma d’horreur. Romero y reviendra constamment, trouvant là une manière facile de continuer à œuvrer dans son genre de prédilection alors même que des échecs commerciaux cuisants et répétés ont plus d’une fois mis en péril sa carrière et son intégrité artistique.  

Cinéaste d’horreur ou cinéaste politique ? Romero n’a presque toujours jamais tranché et aura su intelligemment mélanger les deux au point d’en faire une marque de fabrique rentrée dans le langage courant : « faire un film à la Romero = faire un film d’horreur avec du sens ».  

 

3 films pour connaître

 

La Nuit des morts-vivants (1968)

Le Citizen Kane du film d’horreur. La Nuit des morts-vivants fait partie de cette infime poignée d’œuvres qui revient constamment dans la discussion quand il s’agit de dresser la liste des meilleurs films d’horreur de tous les temps. Si le long-métrage peut paraître vieillot pour une jeune génération habituée à une déferlante de gore en CGI, il est impossible de ne pas reconnaître que tout ou presque a commencé avec cette Nuit-là. Si d’un point de vue historique, le film force le respect avec son récit jusqu’au-boutiste complétement fou, il n’en demeure pas moins aujourd’hui comme un modèle idéal de film fauché que tout apprenti cinéaste rêve de tourner. Et justement comparer les milliers de films de zombies qui ont puisé leur inspiration du côté de Romero et l’œuvre matricielle du genre, c’est se rendre compte de la grandeur du maestro. Hell to the king George !

 

Zombie (1978)

Difficile de surpasser une œuvre qui a défini un genre tout entier une décennie auparavant. Et pourtant, beaucoup pensent que Romero y est parvenu avec Zombie.  Incroyable dosage entre charge politique (Romero y fustige la société de consommation avec une malice sans pareil) et déferlante d’images gore plus choquantes les unes que les autres, Zombie est un sommet inégalé du genre. Et accessoirement offre l’une des taglines les plus géniales du 7ème art : « quand il n’y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur terre… ». Si vous avez le cœur bien accroché, c’est peut-être le film qui définit le mieux la carrière de Romero.

zombie - george romero

 

Creepshow (1982)

La rencontre entre deux génies de l’horreur. L’association Romero-King aurait dû donner lieu au plus grand film d’horreur de tous les temps. Il n’en a pas été ainsi et Creepshow laisse pour beaucoup un sentiment d’occasion ratée. Il faut peut-être arrêter de voir le vide à moitié vide et se rendre compte avec les décennies qui ont filé, que le film à sketchs est un exercice bien trop périlleux pour atteindre une perfection absolue. Se (re)plonger dans Creepshow, c’est l’assurance aujourd’hui de passer une bonne soirée d’épouvante gentillette. On y apprécie alors la rigueur des récits qui manient terreur et humour avec un dosage parfaitement maîtrisé. Et surtout, il y a un côté terriblement rafraîchissant de voir deux artistes prendre le genre avec le respect et la candeur qu’il mérite et de jouer la carte du premier degré avec un amour immodéré pour le matériau de base. Pour une introduction au cinéma fantastique-horrifique, Creepshow fait figure de premier de la liste.  

 

3 films pour apprécier

 

Le jour des morts-vivants (1985)

Le mal-aimé de la trilogie inaugurale. Si les deux premiers ont rencontré un vif succès, ce Jour des morts-vivants fut fraîchement reçu par la critique et le public qui le bouda. Sans doute parce que Romero décida de ne pas se répéter et poussa l’expérimentation de ses zombies dans ses derniers retranchements. Leur humanisation, notamment à travers l’incroyable personnage de Bub, déstabilisa bon nombre de spectateurs, sans doute pas encore prêts à voir dans ses morts-vivants autre chose qu’un véhicule à une accumulation de gore. Et pourtant, Romero leur offrait aussi cela dans une dernière partie d’une incroyable violence graphique qui permit à son fidèle compagnon, Tom Savini, de surpasser le phénoménal travail déjà accompli sur Zombie.  Fort du succès commercial de Creepshow, Romero semble ici ne faire aucune concession et règle ses comptes en imprégnant la pellicule d’une charge radicale contre les maux d’une société bien mal en point.   

le jour des morts-vivants -george romero

 

Incidents de parcours (1988)

Après avoir clôt sa (première) trilogie des morts-vivants, Romero se retrouve à nouveau contraint de frapper à la porte des studios (chez Orion Pictures), lui qui a toujours cherché à faire ses films de manière la plus indépendante qui soit. Incident de parcours souffrira beaucoup de la relation tendue  entre l’artiste et les exécutifs (à l’image d’une fin qu’on lui a imposé) et on ose imaginer ce que le film aurait pu devenir si Romero avait eu les pleins pouvoirs. En l’état, on est quand même devant un thriller d’une efficacité redoutable, offrant quelques moments de tension mémorables. Et surtout, le récit permet de développer une relation homme-animal d’une richesse peu commune, une sorte de relecture fascinante de Dr Jekyll et Myster Hyde. Un petit classique du genre qui n’a pas pris une ride.

incident de parcours - george romero

 

Martin (1978)

De l’aveu même de Romero, Martin est son film préféré. Encore très expérimental dans sa construction formelle évoquant un film d’étudiant, Martin est une relecture totalement singulière du mythe du vampire. Rarement l’empathie pour cette créature de la nuit (en l’occurrence, ici, un jeune homme qui est persuadé d’être un vampire) n’aura été aussi grande. Porté par l’interprétation saisissante de John Amplas, le film n’a rien perdu de son impact grâce notamment à sa capacité à ne jamais prendre parti, laissant le spectateur libre de juger les actes de Martin. Un sentiment d’inconfort qui perdure bien longtemps après la vision de cette œuvre des plus singulières.

 

3 films pour approfondir

 

Knightriders (1981)

On peut parler ici de véritable OFNI (objet filmique non identifié). Après le gros succès de Zombie, Romero se lance, avec sa fidèle bande de potes (un leitmotiv dans la carrière du cinéaste), dans l’improbable rencontre de deux univers disparates : les bikers et les chevaliers de la table ronde. En résulte une œuvre très imparfaite, bourrée de longueurs (2h 26 !!!) mais constamment étonnante. On peut aisément dire qu’elle ne ressemble à aucune autre. Un peu comme si Easy rider et Excalibur avaient fusionné en un seul film.  

 

La nuit des fous-vivants (1973)

Encore un autre film de Romero qui a eu le droit à un remake (en 2010). Si ce dernier avait une vraie efficacité visuelle, il perdait sacrément en charge politique. Tout le contraire du film original. C’est sans doute avec cette Nuit des fous-vivants que Romero a vraiment totalement pris conscience de la portée sociale que pouvaient avoir ses films.

There’s always vanilla (1971)

Après le choc de La Nuit des morts-vivants, on pouvait imaginer Romero continuer sur sa lancée et enchaîner les films d’horreur pour asseoir son nouveau statut de maître du genre. Et pourtant, avant de remettre la main dans ce cinéma-là avec Season of the witch, il y a eu ce There’s always vanilla. Un film que les fans du cinéaste n’ont souvent pas vu. En le découvrant, ils tomberaient des nus tant le film ne ressemble à rien d’autre dans la carrière de Romero. Filmé dans sa ville natale de Pittsburgh, on y suit l’histoire de sexe et d’amour entre deux marginaux, une rencontre improbable filmée avec le ton très libertaire et surtout low budget des années 70. Pas vraiment un bon film, mais une vraie curiosité. 

Le film est visible sur youtube à cette adresse : https://www.youtube.com/watch?v=JOCXLQUiL6Q

Et surtout il va ressortir cet automne dans un coffret collector disponible chez l’éditeur anglais Arrow (précommande ici : https://www.amazon.co.uk/dp/B073LF8C98/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1500309372&sr=8-1&keywords=romero)

 

 

 

 

Publié le 20/07/2017 par Laurent Pécha

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