Pays : France
Durée : 1h48
Genre : Action, thriller,
Sortie : 7 février 2018
Réalisateur : Coralie Fargeat
Distribution : Matilda Anna Ingrid Lutz, Kevin Janssens, Guillaume Bouchède, Vincent Colombe
Histoire : Trois riches chefs d'entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans une zone désertique de canyon. Un moyen pour eux d'évacuer leur stress et d'affirmer leur virilité armes à la main. Mais cette fois, l'un d'eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres... Les choses dérapent... Dans l'enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte, reprend vie... et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l'homme...
On a souvent dit que le cinéma de genre, et notamment horrifique a toujours été l’un des meilleurs moyens pour refléter l’époque dans lequel on vit. Et ce même bien avant que Romero en soit le fer de lance avec ses chers zombies. Difficile de ne pas le constater à nouveau face à Revenge qui tombe à une époque où la femme et son corps sont au cœur de tous les débats. Entre les scandales hollywoodiens harcèlements et viols et cette tribune française prônant la liberté d’importuner, se retrouver face à un film réalisé par une femme qui raconte comment une jeune femme violée va chercher à se venger de ses bourreaux permet de remettre certaines choses en perspective. Mais ce serait bien dommage de focaliser (trop) là-dessus tant Revenge est avant tout et surtout une authentique déclaration d’amour au genre.
Évitant tous les pièges qui se présentaient à elle, notamment le simple exercice de style destiné à épater la galerie et s’offrir une carte de visite pour l’Amérique, Coralie Fargeat lance une salvatrice piqure de rappel : le cinéma, c’est avant tout et surtout des images et ce nécessaire désir de créer des sensations (fortes) à ses spectateurs. Et de ce côté-là, Revenge impressionne constamment. Il y a un côté toute puissance de la mise en scène qui transforme ce qui aurait pu être une vulgaire série B (voire Z) totalement dispensable en récit fascinant qui regorge de plans imprimant durablement la rétine.
A l’image de son génial regard caméra qui conclut cette trépignante et extrêmement sanglante chasse à l’homme (pour une fois le terme est parfaitement approprié), le film de Coralie Fargeat multiplie les trouvailles visuelles qui ont du sens. Entre hommages appuyés et revendiqués (les vrais fans de Rambo seront aux anges), la jeune cinéaste trouve son propre style, ose des situations singulières (l’étonnante poursuite dans le couloir de la villa) et joue la carte d’une imagerie pop qui contraste judicieusement avec l’horreur de la situation.
Alors, oui, il y a quelques sorties de route qu’il faudra faire l’effort d’éviter (le jeu parfois en roue libre des comédiens masculins, le changement de personnalité drastique de certains personnages, le côté « over the top » de la mise à mort de l’héroïne), mais magnifiquement épaulée par son actrice principale, Matilda Anna Ingrid Lutz, totalement habitée par le rôle, Coralie Fargeat parvient à mener sa barque avec une maestria et une détermination qu’on ressent sans faille. Et démontre surtout qu’elle est la plus belle surprise que le cinéma de genre français ait vu naître ces dernières années.
Publié le 06/02/2018 par Laurent Pécha