Pays : USA
Durée : 1h30
Genre : Horreur
Sortie : 20 juin 2018
Réalisateur : John Krasinski
Distribution : Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds, Noah Jupe
Histoire : Dans un monde post-apocalyptique, une famille est obligée de vivre sans faire le moindre bruit sous peine d'être dévorée par des monstres sanguinaires.
La formule Blumhouse fait des émules. L’idée de produire pour pas cher un petit film d’horreur minimaliste en jouant sur les codes du genre tout en essayant de les réinventer ou du moins les mettre au goût du jour a encore frappé. Cette fois-ci, c’est le comédien, John Krasinski (surtout connu jusqu’ici pour être un des très bons éléments comiques de la version US de The Office) qui s’y colle pour sa troisième réalisation (les deux premiers films étant restés inédits en France). Et l’élève a déjà dépassé le maître ! Si le budget est bien plus conséquent que ce que met Jason Blum dans ses productions horrifiques (4 fois plus), Sans un bruit a en effet cartonné au box-office US au point de dépasser les 176 millions de Get out, le pic commercial à date de Blumhouse. Mieux avec déjà 326 millions de dollars récoltés dans le monde (et alors que sa carrière est loin d’être finie), Sans un bruit peut s’enorgueillir d’être un des films les plus rentables de ces dernières décennies. Précédé d’un tel pedigree et armé d’un pitch excitant (l’idée paradoxale d’absence de bruit dans un film d’horreur), le film débarque ce mercredi dans nos salles et notre attente est évidemment énorme.
La force du film de Krasinski, c’est de parvenir à la combler le temps de la projection. À condition de se trouver une salle où un public discipliné jouera le jeu du silence, son dispositif narratif marche admirablement bien. Il faut par exemple plus d’une demi-heure avant que la première parole du film ne se fasse entendre. Entre temps, le réalisateur a parfaitement délimité les tenants et aboutissants de son singulier récit. Après une séquence d’ouverture choc (peut être un poil trop démonstrative mais cohérente avec ce qui va suivre), il s’appuie sur un casting parfait dont ressort évidemment la star du film, Emily Blunt (femme du réalisateur à la ville) pour nous faire découvrir la routine que s’impose la famille Abbott pour respecter ce silence d’or leur permettant d’éviter d’être attaquée par les monstres rodant dans les parages.
Faisant fi d’une kyrielle d’incohérences et d’aberrations qui pourront plomber le plaisir des spectateurs plus terre-à-terre, le jeune cinéaste s’applique à muscler son récit avec un sens du découpage inspiré, n’oublie jamais que le cœur de son film reste l’émotion humaine (avec sa femme, il joue sur du velours) et nous offre quelques moments de tension vraiment réjouissants. De là à faire terriblement peur ? Non quand même pas ! Il faudra se tourner du côté d’Hérédité pour cela. Il s’agit ici d’un cinéma sous influence parfaitement digéré, mais jamais vraiment novateur.
À l’image d’un final grand guignolesque qui gagne en efficacité pure ce qu’il perd en trouble et malaise, Sans un bruit avance avec la force tranquille du vieux de la vieille maîtrisant son art. Largement suffisant actuellement pour réjouir des spectateurs sevrés de bons films de genre. D’où le succès-surprise. CQFD.
Publié le 19/06/2018 par Laurent Pécha