On s’intéresse ici aux enfants qui sont parvenus non seulement à avoir une vraie carrière tout en parvenant à éclipser, ou tout du moins à faire de l’ombre à celle de leur géniteur. Pour ce top 10, on a volontairement laissé de côté certaines combinaisons trop faciles à juger, notamment quand le père ou la mère avait brièvement percé dans le métier. Dans ce classement, les parents ont tous été sélectionnés parce qu’ils avaient plus ou moins marqué les esprits à un moment de leur parcours cinématographique ou télévisuelle.
Le match est compliqué car avec un seul film, le papa a gagné à jamais la reconnaissance éternelle. Difficile, en effet, de battre dans l’inconscient cinéphile et même sociologique, le héros d’un film aussi mythique qu’Easy rider. Mais la suite de la carrière de Peter Fonda n’a jamais vraiment permis à l’acteur d’élargir son horizon. Il a traversé les 70’s en ne choisissant jamais les bons projets à l’image des Rescapés du futur, suite presque oubliée de Westworld de Michael Crichton. Cela ne s’est pas amélioré par la suite avec des œuvres médiocres comme L’équipée du Cannonball. En fait, Peter Fonda, c’est plus une gueule que l’on est content de voir passer au détour d’un film comme le montrent ses prestations dans le Los Angeles 2013 de Carpenter ou le 3h10 pour Yuma de James Mangold.
Sa fille, Bridget, en revanche, a connu une décennie dorée, celle des années 90 où elle a pris part à des films marquants tout en ayant des premiers rôles dans des longs-métrages ayant connu du succès. Elle se fait remarquer par d’excellents seconds rôles dans des films renommés (Scandal en 1989, Le Parrain 3 en 90) puis joue les premiers rôles dans le très bon J.F. partagerait appartement face à Jennifer Jason Leigh en 1992, dans le peu convaincant Little Buddha de Bernardo Bertolucci (1993). Elle porte sur ses épaules le bancal remake US de Nikita (Nom de code : Nina). Les comédies romantiques lui vont à ravir comme le prouvent Singles (un Cameron Crowe méconnu qui a superbement vieilli) ou encore Milliardaire malgré lui où elle partage la vedette avec Nicolas Cage. Elle tient tête à Al Pacino dans City hall (1996) et se retrouve surtout dans le Jackie Brown de Quentin Tarantino en 1997. Son rôle super sexy marque les esprits (la tenue short en jean/bikini a été inventée pour la miss). Elle enchaîne avec un superbe rôle dans l’épatant Un plan simple de Sam Raimi, joue l’héroïne dans un des meilleurs films de monstres modernes (l’hilarant et effrayant Lake placid, 1999), se perd dans une bessonnerie atroce (Le Baiser mortel du dragon en 2001). Et puis c’est tout ! Brutalement, l’actrice décide de mettre un terme à sa carrière préférant s’occuper d’élever l’enfant qu’elle a eu en 2003 avec le compositeur Danny Elfman.
Mission toutefois accomplie tant elle prouve que chez les Fonda, le sexe féminin n’a jamais eu peur de sortir de l’ombre du célèbre paternel (comme on le verra plus bas dans notre top).
C’est grâce à la série télé que Kiefer vient faire un peu d’ombre à son illustre paternel. Avec son rôle culte de Jack Bauer dans la super médiatique série 24 heures chrono (8 saisons entre 2001 et 2010), Kiefer Sutherland fait presque oublier que sa carrière cinématographique est faite de hauts (Dark City, Des hommes d’honneur, Génération perdue où il se révéla au grand public, La Disparue, L’Expérience interdite, Freeway) et beaucoup de bas (une ribambelle de films qui ont fait au mieux les beaux jours des vidéoclubs + quelques films indigestes comme Young guns, Les Trois mousquetaires, The Sentinel ou plus récemment Mirrors ou Pompéi). Mais reconnaissons au monsieur l’art d’être increvable comme ce bon vieux Bauer puisqu’après avoir tenté sans succès de passer à la réalisation à la fin des années 90 (qui se souvient de sa Dernière cavale où il braquait des banques avec…Vincent Gallo !!), il se produit désormais sur scène en tant que…chanteur (concert à la Cigale en juin pour les amateurs). Sans oublier qu’il est le héros actuellement de la série, Designated survivor.
Il va toutefois lui en falloir plus pour surpasser son Donald de père dans le cœur des cinéphiles. Avant de retrouver un énième souffle dans sa carrière en jouant les méchants machiavéliques dans la populaire saga des Hunger games, le comédien peut dérouler un CV de longs-métrages qui laisse béat d’admiration : un trio de films de guerre culte composé de Les douze salopards, MASH (Palme d’Or à Cannes) et De l’or pour les braves, des œuvres phares des années 70 (Johnny s’en va-t-en guerre, Klute, Ne vous retournez pas, Le Casavona de Fellini, L’Invasion des profanateurs, Des gens comme les autres), des seconds rôles marquants (Révolution, Haute sécurité, Six degrés de séparation, Alerte, Without limits, Space cowboys,…). Le plus dingue dans tout ça, c’est de se rendre compte qu’avec une telle filmographie, le monsieur n’a jamais eu le droit à la moindre nomination aux Oscars.
A noter que le père et le fils se sont donnés la réplique deux fois : Le droit de tuer ? (1996) et plus récemment dans le western Forsaken, retour à Fowler city (2015).
Comment pouvoir prétendre surclasser la légendaire interprète de l’incontournable Magicien d’Oz ? Cela est évidemment impossible d’autant que Judy Garland a une carrière qui ne s’arrête pas, loin de là, au seul film de Victor Flemming. D’Une étoile est née (qui lui valut une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice) en passant par Jugement à Nuremberg (nomination à l’Oscar du meilleur second rôle féminin) sans oublier Le Chant du Missouri (1944) ou Ziegfeld Follies (1945), Judy Garland est entre 1940 et 1960 une des stars préférées de tout amateur de cinéma.
Pourtant, sa fille a de quoi rivaliser. Tout d’abord, Liza Minnelli a remporté ce fameux Oscar de la meilleure actrice que sa mère n’a pas obtenu. Sa mémorable interprétation de Sally Bowles dans Cabaret (1972) méritait bien cette récompense suprême. Et synthétise aussi la carrière de la dame. Car, avant d’actrice, Liza Minnelli est avant tout une formidable chanteuse, l’une des divas les plus célèbres du monde. Son autre rôle marquant au cinéma, elle le doit d’ailleurs aussi beaucoup à sa voix inimitable. Qui n’a pas eu des frissons en l’entendant fredonner New York New York, célébrissime chanson que Sinatra reprendra deux ans après elle. Dans le film de Martin Scorsese du même nom (New York, New York, 1977), elle forme un tel duo avec Robert de Niro qu’on regrette qu’elle n’ait pas eu l’occasion de récidiver, par exemple dans une autre comédie musicale. Depuis, Il faut donc se « contenter » de ses performances vocales exceptionnelles.
Tragiquement disparues à quelques heures d’intervalle en fin d’année 2016, Debbie Reynolds et Carrie Fisher ont en commun de ne pas avoir eu la carrière que leurs débuts fracassants laissaient imaginer. Debbie en étant l’héroïne d’une comédie musicale mythique (Chantons sous la pluie) et Carrie en devenant la princesse Leia dans La Guerre des étoiles. Au fil des années le culte absolu de la saga créée par George Lucas et la sortie récente de l’Episode VII avec le retour du personnage de Leia ont fini par donner un léger avantage à la fille sur la mère. Même si cette dernière, à l’image de sa nomination à l’Oscar de la meilleure actrice pour La Reine du Colorado (1964) incarnait un certain idéal du Hollywood glamour des années 50-60.
Jamais trop à leur place dans leur rôle d’actrice, les deux femmes, toujours très proches, ont su au fil des années trouver d’autres cordes à leur arc : Debbie en créant le plus important et impressionnant musée de collection de costumes de cinéma et Carrie en devenant l’un des script-doctor les plus demandés de Los Angeles.
Deux phénomènes de leur époque respective. Multi-talentueux, le père a multiplié les prestations qui marquent dans presque tous les domaines artistiques (danse, chant, comédie au cinéma et au théâtre). En 50 ans de carrière, Jean-Pierre Cassel a joué sous la direction des plus grands : Gene Kelly, Joseph Losey, Jean Renoir, Abel Gance, Jean-Pierre Melville, Luis Buñuel, Claude Chabrol, Sidney Lumet, Michel Deville, René Clément, Robert Altman.
Star sans jamais l’être tout à fait, il voit son fils prendre ce statut grâce à une carrière riche, internationale et glamour (son mariage avec Monica Bellucci). 5 nominations aux César dont un remporté comme meilleur acteur pour la doublette sur Mesrine (L’ennemi public n°1 et L’Instinct de la mort). Héros d’un film générationnel (La Haine en 1995), d’une œuvre culte pour certains (Dobermann, 1997), d’un film scandale (Irréversible, 2002), de succès populaire (Les Rivières pourpres, 2000 où il donne la réplique à son paternel, Le Pacte des loups, 2001), d’un des meilleurs Audiard (Sur mes lèvres, 2001), Vincent Cassel a souvent fait des choix judicieux. Sans parler de sa carrière internationale qui s’étoffe au fil des années de rencontres prestigieuses : Cate Blanchett dans Elizabeth (1998), la bande à Clooney dans Ocean’s twelve (2004), Natalie Portman dans Black Swan (2010), Viggo Mortensen et Michael Fassbender dans A dangerous method de David Cronenberg (2011) ou encore plus récemment Matt Damon dans Jason Bourne (2016).
Dans un cinéma français qui se cherche de vraies stars depuis bien longtemps, Vincent Cassel a su saisir une place que son père n’avait pas besoin de prendre.
La bataille des poids lourds. 7 nominations aux Oscars dont deux statuettes de la meilleure actrice pour la fille (Klute en 1972 et Le Retour en 1979). 3 nominations et un Oscar du meilleur acteur pour le papa (La Maison du lac en 1981 pour son ultime film de cinéma). Sur l’importance des films dans l’Histoire du cinéma, Henry Fonda l’emporte sur sa progéniture : Les Raisins de la colère, Douze hommes en colère, Le Jour le plus long, Le Massacre de fort Apache, La Poursuite infernale, Il était une fois dans l’ouest, Le Reptile pour ne citer qu’eux sont tous des incontournables de tout bon cinéphile qui se respecte (et on pourrait facilement en rajouter une bonne dizaine d’autres).
Mais Jane Fonda a marqué de son empreinte les années 70. Autant par ses films engagés, provocateurs, singuliers que par son côté militante. Les deux n’ayant de cesse de se mélanger à l’image d’On achève bien les chevaux, Le Retour, Cat Ballou (où elle prouve qu’une femme peut être l’héroïne d’un western) ou encore Le Syndrome chinois et sa dénonciation des dangers du nucléaire. Elle n’en oublie pas d’être une vraie star jouant de son incroyable physique dans le culte Barbarella ou multipliant les duos glamours avec Robert Redford (Pieds nus dans le parc, Le Cavalier électrique, La Poursuite impitoyable). Et surtout, elle parvient sans cesse à se renouveler faisant fi de la qualité bien plus médiocre de ses films à partir des années 2000 jusqu’à trouver un joli refuge à la télévision avec notamment la série très populaire, Grace and Frankie (4ème saison prévue en 2018).
Quant à La Maison du lac, joli petit film désuet, il aura permis au père et à la fille de partager ensemble un écran de cinéma. Une occasion de célébrer l’une des plus prestigieuses dynasties de comédiens (comme le prouve l’autre duo Fonda, Peter et Bridget).
On va vite calmer les plus excités. Aucun fils et même aucun acteur ne peut dépasser, éclipser l’extraordinaire carrière de Kirk Douglas. S’il n’a jamais remporté l’Oscar du meilleur acteur (malgré trois nominations), Kirk a collectionné au fil d’une carrière de plus de 60 ans des rôles de légende. On pourrait faire un dossier entier (et même plusieurs livres) sur les films marquants qu’il a tournés. On s’arrêtera juste ici avec notre top 10 perso (dans le désordre) : Le Reptile de Joseph L. Mankiewicz, Spartacus et Les Sentiers de la guerre de Stanley Kubrick, Les Vikings et 20 000 lieues sur les mers de Richard Fleischer, Les Ensorcelés et La Vie passionnée de Vincent Van Gogh de Vincente Minnelli, Le Gouffre aux chimères de Billy Wilder, La Captive aux yeux clairs d’Howard Hawks et Règlement de comptes à O.K. Corral de John Sturges.
Etre le fils d’un tel acteur, cela ne doit pas facile à porter tous les jours quand on décide soi-même d’embrasser la même profession. On ne compte plus les fils de qui ont connu une carrière désastreuse (Jason Connery, Chad McQueen, Francesco Quinn pour ne citer que des acteurs nés dans les années 60). Et d’ailleurs Michael Douglas commença à se faire un prénom du côté de la télé en étant l’un des héros des Rues de San Francisco (1972-1976). Et surtout en tant que producteur en remportant l’Oscar du meilleur film pour sa première production avec l’immense Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975). De l’autre côté de l’écran, il enchaîne de solides rôles (comme dans Le Syndrome chinois, sélectionné en compétition à Cannes ou le passionnant Nuit des juges en 1983) avant de connaître la gloire avec le succès surprise d’A la poursuite du diamant vert. C’est désormais Michael avant d’être le fils de Kirk. Et c’est parti pour une carrière imposante remplie d’énormes succès public (le phénomène Liaison fatale en 1987, le carton de Basic instinct en 1992), de choix gonflés mais payants (Chute libre, The Game, Traffic) sans oublier la consécration avec l’Oscar du meilleur acteur en 1988 pour sa fameuse personnification du trader Gordon Gekko dans Wall Street d’Oliver Stone.
Et pour preuve que le monsieur est aussi increvable que son père, on le retrouve encore aujourd’hui dans les incontournables du moment, les films de super-héros avec une prestation remarquée dans Ant-man (2015). Seul regret, que les deux Douglas n’aient pu se croiser sur grand écran qu’à l’occasion d’un film totalement insignifiant mais au nom qui leur va si bien, Une si belle famille.
Avec plus de 200 crédits et plus de 60 ans de carrière, Lloyd Bridges en impose forcement beaucoup. L’homme qui nous a fait hurler de rire dans les films des ZAZ (Y a-t-il un pilote dans l’avion ? et sa suite, Hot shots 1 &2) officiait déjà aux côtés de Gary Cooper dans Le Train sifflera trois fois (1952). Véritable boulimique, il a toutefois été plus présent sur le petit écran où ses talents comiques ont fait merveille, allant même jusqu’à avoir son propre show dans les années 60.
Si ses deux fils ont suivi ses traces, c’est Jeff Bridges qui se détache et éclipse totalement son paternel, Beau ayant une carrière bien plus modeste. Jeff Bridges, c’est rien moins que 7 nominations aux Oscars (dont aucune pour son interprétation du Dude, scandale !!!) et une statuette pour son rôle de chanteur country dans le joli Crazy heart. C’est aussi le jeune premier, beau gosse, qui monte dans les 70’s avec des films comme La Dernière séance, Le Canardeur, King Kong. Il fait partie en 1980 du monument, La Porte du paradis, devient le héros d’un film ovni et précurseur, Tron, multiplie les bons films dans les années 80 (Starman, Contre toute attente, A double tranchant, Tucker, l’homme et son rêve, Susie et les Baker boys avec son frère, Beau). Les années 90 ne le voient pas faiblir : Fisher King, Blown away (où il croise son père), l’haletant Arlington road et surtout le film culte absolu, The Big Lebowski des frères Coen. Le rôle du Dude qui lui collera à la peau tant le bonhomme est juste le mec le plus cool du monde.
Un peu moins heureux dans ses choix au début des années 2000, il joue le premier vilain d’une prod Marvel (l’un des seuls bons d’ailleurs avec le recul) dans Iron Man puis après la consécration méritée de l’Oscar en 2009, il reprend rien moins que le rôle mythique de John Wayne dans True Grit pour repartir se fourvoyer dans quelques daubes mais toujours avec classe (RIPD brigade fantôme, The Giver) avant de revenir nous cueillir avec son interprétation du vieux ranger à qui on ne l’a fait pas dans l’excellent Comancheria.
« Je t’aime moi non plus ». Les relations entre Angelina Jolie et son père n’ont jamais été vraiment au beau fixe. L’occasion ici de régler le différend fictif de la plus belle filmographie. Le papa a un sacré joli CV avec pas moins de 4 nominations aux Oscars dont une statuette pour Le Retour en 1979 avec une célèbre fille de (Jane Fonda qui gagna aussi l’Oscar cette année-là). S’imposant aux yeux du public en 1969 aux côtés de Dustin Hoffman dans Macadam cowboy, Jon Voight s’offre quelques rôles marquants dans Délivrance (1972), Le Champion (1979) ou encore Runaway train (1985) mais il tourne finalement peu pour une comédien (15 films en 20 ans). A partir du milieu des années 90 et son rôle dans le monumental Heat de Michael Mann, il enchaîne les seconds rôles qu’il bonifie par son cabotinage souvent bien maîtrisé (Mission : impossible, Ennemi d’état, L’Idéaliste, Pearl harbor, Ali ou encore la série 24 heures chrono). Il se permet même de jouer, à une époque où les rapports étaient bons, le père de sa fille dans le très mauvais Lara Croft : Tomb Raider.
Une Angelina Jolie qui mit, elle, un peu de temps à trouver ses marques au cinéma. C’est d’ailleurs grâce à un téléfilm en 1998 intitulé Gia que la comédienne trouva son premier rôle marquant après quelques années d’errements et navets. Un an plus tard, la machine est définitivement lancée : Oscar du meilleur second rôle pour Une vie volée, premier rôle féminin aux côtés de Denzel Washington dans une grosse production (le thriller Bone collector). Des blockbusters, elle en enchaînera quelques-uns, le plus souvent des daubes (les deux Lara Croft, 60 secondes chrono). Elle tente aussi des paris pas récompensés (l’étonnant Capitaine Sky et le monde de demain qui connut un retentissant bide, Raisons d’état de Robert De Niro, passé presque inaperçu). Elle tombe sous le charme de son futur ex-mari, Brad Pitt sur Mr & Mrs Smith, blockbuster plutôt sympathique puis trouve en 2008 ce qui est à ce jour le rôle de sa carrière. En mère prête à tout pour retrouver son fils dans le sublime L’Echange de Clint Eastwood, elle est bouleversante et est très justement récompensée d’une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice. Elle ne persévère malheureusement pas dans cette voie et enchaîne à nouveau les gros films peu voire pas recommandables (le nanar The Tourist avec Johnny Depp). Tout en assurant ses arrières en terme de popularité en jouant les « méchants » chez Disney (Maléfique, 2014). Sans oublier, sa nouvelle carrière de réalisatrice qui cherche toutefois encore un film de référence, surtout après l’affreux souvenir de Vue sur mer.
Les débuts de Tippi Hedren sont fracassants. Deux films d’Hitchcock et pas des moindres : Les oiseaux et Pas de printemps pour Marnie. Deux films du maître qui plus est où la femme en est l’incontestable héroïne. Le réalisateur fit d’ailleurs une fixette sur sa comédienne (comme sur beaucoup des blondes qu’il dirigea au cours de sa carrière). Au point d’aller jusqu’à offrir une poupée à l’effigie de sa mère dans un cercueil à la toute jeune Melanie Griffith et surtout de gâcher totalement la carrière de l’actrice en usant de son immense influence pour qu’elle ne puisse pas trouver de rôles intéressants. Tippi Hedren qui avouera des décennies plus tard la triste réalité : « Il a ruiné ma carrière, mais il n’a pas ruiné ma vie ». Pas étonnant alors qu’on ait du mal à trouver des films dignes d’intérêt pour la dame. Tout juste un second rôle dans un Chaplin mineur et presque oublié (La Comtesse de Hong-Kong). Et quand elle se lança corps et âme dans un projet très personnel, en l’occurrence le film Roar qui prenait partie pour la cause animale, l’échec fut au bout (11 ans à faire, 17 millions de budget et 2 millions de recettes mondiales). Mais Tippi trouva là sa voie et décida de faire de cette cause un de ses chevaux de bataille, délaissant un cinéma qui ne l’avait jamais vraiment gâté. Anecdote amusante, elle croisa sa fille en 1990 dans le thriller, Fenêtre sur Pacifique. Une fille qui était alors au somment de sa carrière, récemment nominée à l’Oscar de la meilleure actrice pour l’excellent Working girl (1988). Ces années-là, Melanie Griffith jouait les premiers rôles et les films se montaient sur son nom. Il faut dire que l’ascension de la jeune femme était implacable. Un peu comme si elle était en mission pour rattraper la carrière que sa mère aurait dû avoir.
A 18 ans elle donne la réplique à Paul Newman dans La Toile d’araignée après avoir joué face à Gene Hackman dans La Fugue d’Arthur Penn. Après avoir participé à l’entreprise familiale (Roar), elle joue dans le New-York deux heures du matin d’Abel Ferrara où son physique dénudée (elle joue une strip-teaseuse) marque durablement les rétines. Elle remet le couvert la même année chez De Palma dans Body double, sous forme de clin d’œil à sa maman dans un des plus hitchcockiens films de l’auteur des Incorruptibles. Un De Palma qu’elle retrouvera dans le mal-aimé et pourtant très bon Bûcher des vanités. Elle y joue la maîtresse de Tom Hanks. Deux ans plus tard, après avoir croisé Michael Douglas dans le film de guerre, Une lueur dans la nuit (la seule lueur du film, c’est elle d’ailleurs), elle se retrouve en compétition au festival de Cannes dans un Sidney Lumet malheureusement très mineur (Une étrangère parmi nous, 1992). A l’image de ce dernier film, les choix de l’actrice s’avèrent bien moins judicieux par la suite comme ce remake raté de Quand l’esprit vient aux femmes (1993) qu’elle tourne avec Don Johnson, son futur-ex (mais qui était déjà son ex, faut suivre les amours tumultueux du couple) ou celui de Lolita par Adrian Lyne. Heureusement, il y a quelques rencontres réjouissantes : Woody Allen pour Celibrity (1998), John Waters pour Cecil B. Demented (2000, un de ses meilleurs rôles) ou encore devant la caméra de son compagnon à l’époque, Antonio Banderas (l’attachant La tête dans le carton à chapeaux, 1999). L’alcool, la vieillesse (Hollywood ayant le chic pour laisser vite tomber les actrices ayant gravi les marches de la célébrité grâce notamment à une plastique magnifique), et une vie personnelle tumultueuse ont laissé Melanie Griffith petit à petit disparaître du grand écran une fois entrés dans le nouveau millénaire. Mais qu’importe puisque désormais, c’est la troisième génération qui a pris le relais avec Dakota Johnson. La jeune star de la saga 50 nuances de Grey arrivera-t-elle à son tour à éclipser sa prestigieuse génitrice ? Pas évident mais à 28 ans, elle a encore beaucoup de possibilités pour. Réponse dans quelques années dans un futur remake de ce dossier.
James Brolin est plus une star du petit écran. Il est surtout connu aux USA pour avoir été l’un des héros de la série Docteur Marcus Welby (170 épisodes et 7 saisons entre 1969 et 1976) et de la série Hôtel (5 saisons de 1983 à 1988). Au cinéma, ses apparitions sont rares et il a raté quelques jolies opportunités comme lorsqu’il faillit reprendre le rôle de James Bond à l’époque d’Octopussy mais Roger Moore décida de rempiler malgré ses 56 ans.
Nominé à l’Oscar du meilleur second rôle pour Harvey Milk, Josh Brolin a une filmographie imposante. Déjà, il était l’un des héros des Goonies en 1985. Après une flopée de titres un peu passe-partout dans les années 90 où il était abonné aux seconds rôles (Pluie de roses à Manhattan, Flirter avec les embrouilles, Le veilleur de nuit, Mod squad,…) ou dans des œuvres moins importantes de cinéastes de renom (Hollow man de Verhoeven ou Mimic de Guillermo del Toro), sa carrière décolle avec les frères Coen avec le succès et prestige de No country for old men. Son interprétation du président Bush dans W., l’improbable président marque les esprits. Et désormais il joue les seconds rôles dans des films nettement plus mémorables (Harvey Milk, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, True grit, Inherent vice, Sicario, Everest,…). Il a définitivement changé de catégorie et s’offre même la « consécration » de tout acteur actuel : un rôle dans un film de super-héros puisqu’il joue le bad guy ultime chez Marvel en la personne de Thanos (Avengers : Infinity war). Et même deux puisqu’il va être l’adversaire de Deadpool dans Deadpool 2.
Entre un père qui marque les esprits par sa gueule sans qu’on ne sache jamais toujours dans quels films on a pu le voir hormis celui mémorable de mafieux dans Les Affranchis de Scorsese et une fille qui a été l’une des magnifiques héroïnes d’un des meilleurs Woody Allen des années 90, Maudite Aphrodite (avec l’Oscar du meilleur second rôle féminin à la clé), le duel tourne au profit de la plus jeune. Avant de plonger dans un relatif anonymat dans les années 2000 suite à des choix bien pourris de carrière (à l’instar de Wisegirls, un film de mafia avec…Mariah Carey !!?!), Mira Sorvino s’offre quelques bons rôles dans Summer of Sam de Spike Lee et Mimic de Guillermo del Toro. Suffisant pour faire la nique à son paternel, voleur de scènes devant l’éternel mais toujours utilisé comme second couteau et le plus souvent dans des films peu recommandables.
4 rôles magnifiques (Coup de cœur, La Féline, Tess et Paris Texas) pourraient faire pencher la balance pour la fille mais le père a lui aussi trois interprétations qui ont marqué les esprits au point qu’il est devenu LA référence lorsqu’on évoque un acteur possédé par son personnage. Quiconque a vu Aguirre, la colère de Dieu, Fitzcarraldo et Cobra Verde, ne voit plus jamais les acteurs de la même façon.
Jane Birkin a un parcours atypique qu’il a vu passer de Patrice Leconte (Circulez y a rien à voir !) à Jacques Rivette (La belle noiseuse) en passant par Bertrand Tavernier (Daddy nostalgie) et Alain Resnais (On connaît la chanson). Mais elle est avant tout chanteuse et n’a pas consacré tout son temps au cinéma. Au contraire de sa fille, Charlotte Gainsbourg, plongée très tôt dans le bain avec L’Effrontée (César du meilleur jeune espoir féminin en 1986, à 15 ans). La comédienne a multiplié au fil de sa carrière les paris allant dans des univers aussi différents que ceux de Blier (Merci la vie), Rochant (Aux yeux du monde), Blanc (Grosse fatigue), Inarritu (21 grammes), Gondry (La science des rêves) et bien sûr Lars Von Trier par trois fois qui lui permettra notamment de remporter le Prix d’interprétation au festival de Cannes avec Melancholia.
L’interprète inoubliable d’Apocalypse now a deux sérieux concurrents en termes de rejetons, Charlie Sheen et Emilio Estevez. Vampirisé par sa prestation chez Coppola, on oublie que Martin Sheen fut remarquable à ses débuts dans le superbe La Ballade sauvage de Terrence Malick. On se rappelle de sa prestation fiévreuse dans Les Envoûtés, grand film d’horreur oublié de John Schlesinger ou encore son portrait d’un président arriviste, sorte de Donald Trump avant l’heure dans le Dead Zone de David Cronenberg. Multipliant les solides seconds rôles, c’est pourtant à la télévision que Martin Sheen trouva l’autre grand rôle de sa carrière, celui du Président des USA, Josiah Bartlet dans A la Maison Blanche, l’une des grandes séries incontournables de ces vingt dernières années.
En série télé, le cadet de ses fils, s’y connaît. Pendant 8 ans, la star du petit écran aux USA, c’était bien Charlie Sheen, héros du sitcom le plus regardé, Mon oncle Charlie. Une série qui relança le comédien plus habitué à défrayer la chronique au rayon faits divers (drogue, bagarre, affaires de mœurs,…) même si ses vieux démons le rattrapèrent ensuite. Au cinéma, Charlie Sheen a presque tout connu : la gloire dans des films prestigieux dont il était le héros (Platoon et Wall Street en tête mais aussi La Relève où il tient tête à Clint Eastwood), les films de groupe où sa personnalité et son charisme émergeaient indépendamment de la qualité des œuvres (L’Aube rouge, Young guns, Les Indians, Navy seals, Les trois mousquetaires), les comédies où son humour pince sans rire fait merveille (Hot shots 1 &2, Scary movie 3) mais aussi une quantité de films foireux (Terminal velocity, A toute allure, Argent comptant,…).
Son frère, Emilio Estevez, a beau avoir une filmographie moins imposante, il a de solides atouts à mettre en avant. A commencer par être un des héros du meilleur film teenager jamais fait (Breakfast club, 1985). Il a aussi mené les Mighty ducks à la victoire et pour tous les enfants nés au milieu des années 80, cela suffit pour être le meilleur (Les petits champions et ses suites). Il forme un duo mémorable avec Richard Dreyfuss dans l’une des meilleures comédies d’action des 80’s (Etroite surveillance), croise son frère sur Young guns mais aussi dans Men at work, comédie sur des éboueurs qu’il réalisera. C’est d’ailleurs dans cet art de la mise en scène que le plus âgé des Sheen va s’épanouir. Après un Classé X, remarquable téléfilm sur l’univers du porno des 70’s, où il se mettra en scène une nouvelle fois avec son frère, il signe en 2006 un bon film choral évoquant l’assassinat de Robert Kennedy, Bobby et son casting 5 étoiles pour finir en 2010 par diriger son père dans le touchant The way – la route ensemble. Bref, à eux deux, les fistons ont bien réussi à faire de l’ombre à leur paternel.
Publié le 11/05/2018 par Laurent Pécha