Attack the block (2011) de Joe Cornish
On commence par une petit série B dont l’unique prétention est de nous faire passer un bon moment. La couche sociale de cette bande de goonies d’un ghetto londonien est certes bien là mais le réalisateur ne s’y attarde pas outre mesure conscient qu’il est là avant tout pour que cette invasion extra-terrestre donne lieu à quelques moments forts réjouissants. Mission réussie, on rit et on frissonne gentiment tout en admirant le savoir-faire technique impressionnant eu égard notamment à la modestie financière du projet.
Tower block (2012) de James Nunn et Ronnie Thompson
Un des deux films méconnus du top, Tower block est un film de genre qui sous le couvert d’un thriller à l’intensité d’un rare efficacité, évoque le mal des banlieues avec son groupe de héros, des habitants d’une grande tour londonienne promise à la destruction, pris pour cible par un mystérieux sniper bien décidé à les abattre un à un. On pense beaucoup au cinéma de John Carpenter et notamment Assaut. C’est un beau mais juste compliment !
Banlieue 13 (2004) de Pierre Morel
On ne pouvait pas omettre un film dont le titre fait directement référence à notre top. D’autant que le film de Pierre Morel a beau être très critiqué et mal aimé, il n’en demeure pas moins une série B ultra divertissante. Pompant littéralement le New York 1997 de John Carpenter, Banlieue 13 compense par une générosité dans l’action peu fréquente dans le cinéma français. On s’amuse beaucoup devant les cascades particulièrement audacieuses du film et on admire un savoir-faire technique largement au-dessus de la moyenne hexagonale qui trouvera son apothéose dans Taken.
Boyz’n the hood (1991) de John Singleton
Le film américain sur le ghetto de référence. Pour son premier (et seul vrai bon) film, John Singleton parle avec son cœur et retranscrit à merveille l’univers sombre dans lequel évolue ces afro américains presque condamnés dès la naissance. Moins violent et plus moralisateur que Menace II Society, Boyz’n the hood a le premier mérite d’avoir ouvert des portes tout en permettant d’apprécier une sacrée brochette de comédiens.
La Cité de Dieu (2002) de Fernando Meirelles
Récemment apparu dans un de nos top 10 (sur la jeunesse criminelle), le film de Meirelles est incontournable quand on évoque le sort funeste qui peut s’abattre sur les habitants des favelas brésiliennes. Présenté à Cannes en 2002, La cité de Dieu s’avère toujours aujourd’hui aussi impressionnant et choquant. Son style entre documentaire et virtuosité cinématographique sous influence scorsesienne est presque unique en son genre. On y prend à la fois un vrai plaisir de cinéphile tout en n’oubliant jamais l’atrocité du monde dans lequel nous plonge Meirelles. Un équilibre de ton et de style qui prend les airs d’un tour de force exceptionnel.
Hangin’ with the homeboys (1991) de Joseph B. Vasquez
Sans doute le film le plus méconnu de ce classement qui fut présenté au festival américain de Deauville. Tragiquement disparu à l’âge de 33 ans après une vie chaotique qui ferait un sacré bon film, Joseph B. Vasquez met tout son vécu dans cette virée nocturne comique d’une bande de potes partie faire la fête en ville. Une sorte de rencontre entre le Lucas de American graffiti et le Scorsese de Mean streets porté par des acteurs à la tchatche hilarante et contagieuse.
La Haine (1995) de Mathieu Kassovitz
Difficile de faire l’impasse sur le film de Kassovitz. Juste mélange de cinéma social qui nous fait découvrir un mode de vie, de langage que l’on n’avait peu/pas à l’habitude de voir à l’époque au cinéma et récit incroyablement cinématographique (le noir & blanc de Pierre Aïm est saisissant), La Haine est une des œuvres références du cinéma français moderne. Un véritable film générationnel comme on n’en voit que trop peu.
L’âme des guerriers (1994) de Lee Tamahori
A l’instar de John Singleton, Lee Tamahori trouve ici l’inspiration d’une vie (on va bientôt le faire le top 10 des réalisateurs qui n’ont fait qu’un film mémorable). Avec ce récit puissant qui donne ses lettres de noblesse à l’expression film coup de poing, le cinéaste néo-zélandais nous plonge au cœur d’une communauté exotique, celle des guerriers Maori et leurs difficultés face à une société moderne dont ils ne comprennent pas les codes. La grande force du film, c’est de parvenir à une empathie universelle. Une œuvre aussi révoltante qu’émouvante portée par d'impressionnants comédiens.
Menace II society (1993) d’Albert et Allen Hughes
« Tu es plus Menace ou Boyz ? » Le débat entre le film des frères Hughes et celui de Singleton continuera sans aucun doute de perdurer tant les deux œuvres font office de miroir de la situation désastreuse des ghettos noirs de Los Angeles dans les années 80-90. On a tranché et on préfère Menace II Society. Cinéastes plus intéressants que Singleton qui ne fera jamais mieux (et de loin) que Boyz’n the hood, les frères Hughes offre un regard sans concession et un sens de la mise en scène qui résiste encore mieux au temps. Il y a un côté brut de décoffrage dans Menace II Society qui accroche toujours autant son spectateur.
Do the right thing (1989) de Spike Lee
Cinéaste inégal mais toujours passionné et souvent passionnant, Spike Lee signe ici à la fois un condensé de tout son cinéma à venir et son meilleur film. Film choral étouffant parsemé de références totalement assumées et revendiquant une écriture sous influence de tragédie grecque, Do the right thing fait passer le spectateur par toutes les émotions. Pour le laisser comme souvent chez le cinéaste avec une vision très pessimiste de ses concitoyens et d’une société qui ne fait aucun cadeau aux plus faibles.
Publié le 15/10/2018 par Laurent Pécha