Avant de se précipiter en criant au scandale des titres de films oubliés (Rocky en tête, mais aussi Nous avons gagné ce soir ou encore Fat city), ce top n'a pris en compte que les films de boxe évoquant la carrière et la vie de boxeurs ayant existé.
Hands of stone (2016) de Jonathan Jakubowicz
Présenté en hors compétition à Cannes en 2016 et toujours inédit en France, Hands of stone possède de nombreux points avec El Inca notamment dans sa capacité à nous raconter le parcours vers la gloire de boxeurs issus de petits pays très proches (Panama pour le premier, Venezuela pour le second). Mais le film de Jonathan Jakubowicz boxe dans une catégorie plus prestigieuse en termes de moyens. Pour preuve, la présence de Robert De Niro en coach de Roberto Durán, incarné avec conviction par Edgar Ramirez. Si les combats de boxe sont réussis, le récit, très classique, permet surtout à la très émouvante Ana de Armas de marquer les esprits en femme du héros.
Hurricane carter (1999) de Norman Jewinson
Beau véhicule à Oscar pour Denzel Washington qui d’ailleurs fut nominé sans gagner, Hurricane Carter mélange boxe et fait divers spectaculaire (Rubin Carter fut condamné pour meurtre pour finalement avoir gain de cause plus de vingt ans plus tard). Malheureusement, un Norman Jewinson en bout de carrière ne réussit jamais vraiment à transcender ce sujet classique axé sur la quête de justice. Reste que grâce à l’intensité du jeu de Denzel Washington et un casting particulièrement solide, le film reste tout à faire recommandable.
L’Insurgé (1970) de Martin Ritt
Réalisé par un des cinéastes américains très politisés des années 60-70, L’Insurgé évoque la vie de Jack Jefferson, premier boxeur noir champion du monde des poids lourds qui dut lutter dans un monde où être noir et être l’homme le plus fort du monde ne pouvait pas être compatible. Dans son premier grand rôle au cinéma, la future voix de Dark Vador, James Earl Jones, est impressionnant.
Fighter (2010) de David O. Russell
Mettant en vedette des boxeurs moins huppés que les autres combattants de ce dossier, Fighter est avant une histoire de grande famille dans cette Amérique white trash que le cinéma américain sait parfaitement dépeindre. Une leçon de vie qui montre à quel point on ne choisit pas sa famille, mais qu’il est possible de se dépasser avec elle. Dans un style documentaire âpre, le film de David O. Russell doit beaucoup à son casting 4 étoiles (Mark Whalberg, Christian Bale, Melissa Leo, Amy Adams) qui multiplie les numéros d’acteur. Quant aux séquences de combat, elles possèdent une intensité viscérale qui impressionne plus d’une fois.
Plus dure sera la chute (1956) de Mark Robson
Le seul film de ce top où le nom du boxeur n’est pas celui de quelqu’un qui a existé. Pourtant, ce Toro Moreno est inspiré de la vie du boxeur italien, Primo Carnera. Un combattant bien loin du prestige des plus grands puisque la suspicion de matchs truqués a pesé sur sa carrière. Et c’est de ça dont parle le film de Mark Robson à travers le personnage de journaliste sportif incarné par Humphrey Bogart qui accepte de vendre au public un champion alors que Moreno ne sait pas se battre. Une œuvre forte sur les corruptions qui ont souvent gangrené le monde de la boxe. Et surtout la dernière apparition à l’écran de l’immense Bogart, qui mourra un an plus tard.
De l’ombre à la lumière (2005) de Ron Howard
Cinéaste irrégulier, mais toujours sympathique, Ron Howard a connu quelques beaux pics dans sa carrière très fournie derrière la caméra. De l’ombre à la lumière fut l’un d’eux. En croyant dur comme fer à l’incroyable histoire vraie de ce Jim Braddock, champion d’un peuple qui prit de plein fouet la crise de 1929, le réalisateur convainc par sa sincérité et déploie une armada de séquences poignantes. Magnifiquement incarné par des comédiens parfaits (Russell Crowe et Renée Zellweger forment un très beau couple de cinéma), De l’ombre à la lumière n’a pas eu jusqu’ici la reconnaissance qu’il mérite. Il serait temps justement que l’on s’en rende compte et que l’on donne raison à son titre.
Marqué par la haine (1956) de Robert Wise
Après avoir offert à l’univers de la boxe un de ses films phares (Nous avons gagné ce soir), l’éclectique Robert Wise replonge dedans pour signer un puissant biopic émotionnel qui doit beaucoup au charisme de Paul Newman. Pour son quasi premier rôle au cinéma, l’acteur, sous influence Brando, donne tout et parvient à créer une empathie totale pour ce jeune homme à l’enfance plus que difficile qui trouve dans la boxe le moyen de recoller les morceaux d’une vie qui a failli plus d’une fois très mal tournée. Revoir ce film un peu trop souvent oublié quand on évoque les grand films sur la boxe, c'est pouvoir se rendre compte à quel point il a pu influencer quelques autres œuvres majeures du genre, à commencer par rien moins que Raging Bull.
Raging bull (1980) de Martin Scorsese
Pour beaucoup, il aurait mérité la première place. Et c’est vrai qu’en matière de film de boxe, le nom de Raging Bull vient immédiatement en tête. Mythique et pas loin d’être le sommet de la relation Scorsese-De Niro, le film, qui doit beaucoup à un certain Marqué par la haine cité précédemment, est un sommet esthétique fracassant (un des plus beaux noir & blanc du 7ème art). La prestation oscarisée de De Niro qui n’a pas hésité à prendre 40 kilos pour le rôle, reste depuis un modèle et une influence absolue pour tous les comédiens de la planète.
Gentleman Jim (1942) de Raoul Walsh
Dans ce chef d’œuvre walshien, le prolétaire Errol Flynn veut tout être bourgeois et champion de boxe. Son personnage est aussi attachant qu’irritant mais la fougue et la passion du bonhomme emportent notre adhésion. A l’image de l’irrésistible (non)romance entre Flynn et Alexis Smith, la truculence du récit s’avère euphorisante. Et les combats de boxe sont parmi les meilleurs jamais vus. A commencer par le mémorable affrontement final entre James Corbett et le champion du monde, John L. Sullivan, incarné par l’immense Ward Bond. L’échange d’une émotion poignante entre les deux personnages à la suite du combat montre aussi à quel point le film réussit tout ce qu’il entreprend.
Ali (2001) de Michael Mann
Trouvant dans cette soif de liberté absolue qu’a toujours incarné Mohamed Ali la quintessence de son cinéma, Michael Mann signe l’un des plus mémorables biopics de l’Histoire. Avec un Will Smith incarnant un Ali plus vrai que nature (l’Oscar aurait dû lui revenir de droit), le réalisateur de Heat nous emporte dans l’un des plus fascinants récits modernes, reflet de tout un pan de l’Histoire des Etats-Unis. Souvent oublié dans la liste des œuvres majeures de Mann, Ali doit être reconsidéré. C’est l’un des grands films américains du nouveau millénaire.
Publié le 27/07/2018 par Laurent Pécha